Les valeurs politiques, un critère de séduction ?
Alors que l’élection présidentielle approche, les questions politiques sont au cœur de tous les débats en France. Que ce soit dans le cadre familial, parmi les amis ou dans les espaces amoureux, la politique s’immisce dans l’intime. Une étude réalisée par Bumble révèle que 52% des Français n’excluent pas une conversation sur la politique lors du premier rendez-vous. Par ailleurs, 36% d’entre eux ne pourraient pas se projeter dans une relation avec une personne ayant des opinions politiques opposées aux leurs.
Pour certains, une affinité politique est essentielle à la séduction. Soraya, 27 ans, affirme : « En tant que femme féministe et racisée, je ne me vois pas partager un moment d’intimité avec quelqu’un de droite. » Lisa, 30 ans, partage cette vision en ajoutant qu’elle a déjà eu des mauvaises surprises lors de rendez-vous. Pour se protéger, elle est désormais plus vigilante, surtout sur les applications de rencontre. Selon Camille Rochet, psychologue et thérapeute de couple, l’engagement politique peut conférer une force de caractère séduisante, une admiration pour l’engagement de l’autre.
Les nouvelles générations se mobilisent pour des valeurs humanistes telles que l’antiracisme, la lutte contre le réchauffement climatique ou l’égalité homme-femme, ce qui dépasse largement l’adhésion à un parti politique. Selon la sociologue Axel Murel, la politique est plus intime qu’on ne le pense, car elle véhicule des valeurs profondes à travers lesquelles on comprend le monde environnant. Ainsi, si les émotions prédominent souvent lors d’une rencontre amoureuse, il ne faut pas négliger l’impact de la politique sur la relation.
Quelle est la place de la politique dans le couple ?
D’après un sondage IFOP de 2017, les trois quarts des personnes en couple se disent du même bord politique que leur conjoint, et cette convergence existait pour 85% d’entre elles avant leur relation. La relation avec le conjoint est une relation affinitaire et choisie, reposant sur une entente supposée. Par conséquent, les convictions politiques jouent un rôle crucial dans l’évaluation de la compatibilité. Camille Rochet, psychologue, affirme que les convictions politiques influencent la gestion de l’argent, les valeurs bioéthiques et familiales, issues de notre éducation, de nos racines et de notre personnalité.
Selon une étude menée par Bumble, les Français recherchent des valeurs communes avec leur partenaire et s’intéressent aux causes qui leur sont chères, telles que :
| Cause | Priorité |
|---|---|
| La sécurité des femmes | 1 |
| La lutte contre le racisme | 2 |
| La lutte contre le sexisme | 3 |
| La protection de l’environnement | 4 |
| L’égalité salariale | 5 |
Pour certaines personnes comme Elisa, 35 ans, certaines causes sont plus cruciales que d’autres. Bien que ses orientations politiques diffèrent de celles de son partenaire, le féminisme, les droits LGBTQ+ et la lutte contre le racisme restent ses critères essentiels de compatibilité.
Le désaccord politique dans le couple
Il est possible de vivre en couple tout en ayant des opinions politiques différentes, mais il faut savoir gérer ces divergences. Camille Rochet estime que des convictions très différentes peuvent devenir un véritable challenge au sein du couple, surtout si elles proviennent de familles ayant des convictions opposées. Un des points essentiels est de ne pas remettre en cause ses propres convictions intimes pour plaire à l’autre, car cela signifie toucher à sa propre structure, ses valeurs et croyances.
Pour préserver le lien, il est souvent nécessaire d’établir des règles. Certains couples choisissent de positiver le désaccord en privilégiant la curiosité et le respect. Par exemple, Esther, 34 ans, raconte que bien que son partenaire ait des discours réacs, leurs discussions sont respectueuses et souvent animées. Parfois, elle n’hésite pas à lui dire quand elle n’est pas d’accord, et lui accepte cette divergence sans se vexer.
En revanche, le désaccord politique peut aussi provoquer des ruptures et amener certains couples à éviter de parler de politique, créant ainsi un sujet tabou. Mais selon Camille Rochet, cette solution est souvent la moins risquée, mais pas nécessairement la meilleure, car le désaccord politique peut imprégner le quotidien bien au-delà d’une simple élection.
