Comprendre la Scatophilie : Fascination pour l’Atypique

Comprendre la Scatophilie : Fascination pour l’Atypique

La scatophilie, qui consiste à trouver de l’excitation sexuelle dans tout ce qui est lié aux excréments, est encore empreinte d’un fort tabou. Est-elle considérée comme une déviance sexuelle ? Comment l’expliquer ? Les réponses d’Alain Héril, sexothérapeute et psychanalyste.

Définition : Qu’est-ce que la scatophilie et que veut dire scatophile ou scato ?

Le terme scatophilie provient des mots grecs « skatos » qui signifie excréments et « philia » qui désigne l’amour ou l’attirance. Cela se traduit littéralement par le fait d’aimer ou d’être attiré par les excréments. La scatophilie est un terme général englobant plusieurs comportements sexuels liés à la fascination pour les excréments. Alain Héril note : « La scatophilie n’implique pas nécessairement des rapports sexuels ; cela peut aussi être lié à des discussions sur le sujet (scatologie), à des jeux avec les excréments, ou même à leur ingestion (coprophagie). »

Cette paraphilie est souvent accompagnée d’un fort attrait pour l’analité, incluant parfois des pratiques telles que la sodomie ou le fist-fucking. En résumé, « la scatophilie représente une forme de fétichisme des excréments et de l’analité », précise le sexothérapeute.

La scatophilie est-elle une déviance sexuelle ?

Le concept de déviance sexuelle, tout comme le terme perversion sexuelle, ne figure plus dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR) depuis 1980. Il a été remplacé par le terme de « paraphilie », qui désigne des intérêts sexuels atypiques. Bien que ces paraphilies soient des façons différentes de jouir, « il ne faut pas les considérer comme nécessairement pathologiques. La scatophilie, tant qu’elle ne devient pas une obsession, n’est pas problématique », insiste Alain Héril.

En revanche, si la scatophilie prend le pas sur l’ensemble de la sexualité d’une personne, alors elle peut devenir pathologique. « On parle dans ce cas de paraphilie lourde, souvent accompagnée de dépression et de problèmes d’estime de soi », ajoute l’expert.

Comment expliquer la scatologie et la scatophilie ?

Il n’est souvent pas possible d’identifier une seule cause d’une paraphilie, mais celles-ci trouvent fréquemment leurs racines dans des expériences vécues durant l’enfance ou l’adolescence. Alain Héril explique : « En psychopathologie, il est commun d’observer que des individus ayant subi des abus sexuels dans l’enfance reproduisent ensuite des schémas similaires pour tenter de comprendre leur traumatisme. » Cela peut les amener à chercher du plaisir dans de telles situations, cherchant ainsi à se les approprier de manière à mieux les véhiculer dans leur esprit.

Quelle différence avec la coprophilie ?

Le terme coprophilie, similaire à la scatophilie, provient du grec « kopros », signifiant excrément, avec le suffixe « philie » pour désigner l’attirance. Il peut être utilisé comme synonyme de scatophilie, mais il est également utilisé en biologie pour caractériser des organismes qui se développent sur ou préfèrent les excréments.

Quels sont les risques de la scatophilie ?

Les principaux risques encourus par ceux qui s’engagent dans des pratiques scatophiles concernent les infections. Les excréments sont porteurs de divers agents pathogènes, tels que Escherichia coli, des virus et des parasites qui peuvent entraîner des maladies graves, notamment des infections gastro-intestinales. La manipulation ou l’ingestion de matières fécales expose à des risques d’infections, comme l’hépatite A ou certaines infections sexuellement transmissibles, si des fluides corporels sont impliqués. Le risque de transmission du VIH est également significatif, particulièrement en cas de lésions des muqueuses rectales ou intestinales.

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