Dans notre ère numérique, où chaque instant de vie peut être partagé instantanément, il n’est pas surprenant que les comportements des individus s’adaptent à ces nouvelles réalités en ligne. Une activité apparemment innocente comme poster une photo peut cacher des réalités plus inquiétantes, telles que le cloutlighting. Ce terme définit la tendance à humilier son partenaire en ligne sous couvert de plaisanteries ou de scénarios montés pour captiver l’auditoire et gagner des abonnés ou des « likes ».
Qu’est-ce que le cloutlighting ?
Le cloutlighting combine deux concepts distincts : le gaslighting et le clout. Le gaslighting est une technique de manipulation qui fait douter une personne de sa propre perception de la réalité, souvent utilisée pour la contrôler émotionnellement. Le clout désigne l’influence ou la notoriété que l’on peut obtenir sur les réseaux sociaux, souvent mesurée par le nombre de followers ou le nombre de vues. En fusionnant ces deux notions, le cloutlighting devient un outil pour piéger, humilier et publier ces moments intimes dans un objectif de gain social virtuel. Cette pratique peut se manifester par des vidéos où une personne est tourné en ridicule, souvent dans un contexte de plaisanterie, mais visant à la fois à décrédibiliser et à amuser le public.
Les effets dévastateurs du cloutlighting
Les conséquences du cloutlighting ne sont pas à prendre à la légère. Pour la personne ciblée, savoir que ses moments de fragilité sont exposés au monde peut causer une profonde humiliation. Cette exposition publique affecte non seulement l’estime de soi mais peut également entraîner des tensions considérables dans la relation. Comme l’indique la sexologue Madaleine Munro, lorsque le désir de plaire à un public virtuel surpasse le respect du partenaire, cela peut mener à des schémas abusifs continus.
Outre l’atteinte personnelle, ces comportements nourrissent une culture toxique en ligne où les rires et la popularité priment sur l’empathie et le respect. Voir quelqu’un être tourné en dérision de manière répétée normalise ce type de malveillance qui, avec le temps, élargit les frontières de ce qui est acceptable dans les interactions sociales numériques.
Comment identifier le cloutlighting ?
Reconnaître le cloutlighting n’est pas toujours évident, surtout pour ceux qui en sont victimes. Certaines pistes peuvent néanmoins aider à démasquer cette manipulation :
- L’humiliation est-elle justifiée sous couvert de blague ?
- Le consentement a-t-il été donné pour la publication de contenu potentiellment délicat ?
- Y a-t-il une récurrence dans le choix de contenus humilants postés?
Se protéger du cloutlighting
La meilleure défense contre le cloutlighting est d’abord de sensibiliser et d’éduquer sur ses méfaits potentiels. Les discussions franches entre partenaires sont cruciales pour mettre en place des limites claires sur ce qui peut ou ne peut pas être partagé en ligne. Madaleine Munro suggère de poser des questions telles que : «Notre utilisation des réseaux sociaux reflète-t-elle véritablement notre relation ou la pousse-t-elle vers une dynamique destructrice ?»
Instaurer un climat de confiance où chaque partenaire se sent suffisamment en sécurité pour exprimer ses préoccupations peut éviter de nombreux conflits. Recourir à une aide professionnelle, comme un thérapeute de couple, peut également être bénéfique lorsque les discussions internes s’avèrent stériles.
Conclusion : Vers une utilisation respectueuse des réseaux sociaux
En fin de compte, les réseaux sociaux devraient renforcer les liens plutôt que de les fragiliser. À ce titre, adopter une approche plus consciente et respectueuse dans la gestion des moments partagés peut élever la qualité des relations. Tout en permettant une interaction avec le public, il est essentiel de ne pas perdre de vue le caractère précieux de l’intimité émotionnelle et l’importance du consentement dans chaque partage. Ainsi, une relation épanouie et résistante aux défis du monde numérique peut véritablement se construire, loin de la toxicité du cloutlighting.
