Au Japon, une transformation notable des comportements intimes est en cours. Alors que le baiser sur la bouche est souvent considéré comme un signe d’affection universel, pour les jeunes Nippons, cette pratique semble progressivement se raréfier. Selon une étude réalisée par l’Association japonaise pour l’éducation sexuelle, seulement un quart des lycéens japonais ont déjà échangé un baiser sur la bouche. Ce chiffre, bas à l’échelle mondiale, soulève des questions sur l’évolution des interactions sociales et sexuelles dans ce pays.
Une intimité tardive
Le Japon a toujours témoigné d’une approche distincte en matière de sexualité. Culturalement riche et diverse, la société japonaise aborde souvent la sexualité avec réserve, une caractéristique qui ne cesse de s’amplifier. L’étude de l’Association japonaise pour l’éducation sexuelle met en lumière une tendance vers une entrée plus tardive dans la sexualité, une réalité illustrée par la diminution progressive des jeunes s’adonnant à des gestes intimes tels que le baiser.
Les résultats de l’enquête sont particulièrement éloquents parmi la jeunesse masculine. Durant la période 2023-2024, seulement 22,8% des garçons interrogés ont expérimenté ce type de contact intime, marquant ainsi le pourcentage le plus faible jamais enregistré. En comparaison, ils étaient légèrement plus nombreux en 1987, selon un rapport du quotidien Mainichi Shimbun.
Les Filles, plus enclines mais toujours en retrait
Même si les jeunes Japonaises semblent moins réservées que leurs camarades masculins (avec 27,5% ayant déjà échangé un baiser), le chiffre reste faible, et le recul est net par rapport aux enquêtes précédentes. En 2017, par exemple, le taux était sensiblement plus élevé, en soulignant une tendance significative confirmée par la baisse de 13,5 points de pourcentage chez les filles ayant connu leur premier baiser au cours des dernières années.
Influence de la pandémie de Covid-19
Cette évolution ne peut être simplement attribuée à une influence récente ; néanmoins, la pandémie de Covid-19 a accentué ces comportements. Le confinement et les mesures de distanciation sociale ont indubitablement réduit les occasions de contacts intimes parmi les collégiens et lycéens. Le sociologue Yusuke Hayashi a évoqué que ces restrictions ajoutées pouvaient être un facteur significatif influant sur ces tendances.
Une tendance antérieure à la pandémie
Malgré l’impact indéniable de la pandémie, le désintérêt pour les relations intimes avait déjà gagné du terrain avant le début de la crise sanitaire. Le terme « herbivores », forgé par la chroniqueuse Maki Fukasawa, décrit ces jeunes Japonais avec peu d’intérêt pour la vie sexuelle. Cet état d’esprit, qualifiant l’intimité physique de « mendokusai » ou d’ennuyante, est en partie responsable de ces chiffres révélateurs.
La désaffection pour le baiser et les relations physiques n’exclut pas une autre forme d’exploration sexuelle. En effet, la masturbation, par exemple, voit sa fréquence augmenter parmi toutes les catégories de jeunes Japonais, notamment en raison d’une plus grande exposition aux représentations sexuelles à travers les mangas et d’autres médias populaires. Cette tendance suggère une sexualité moins interpersonnelle mais néanmoins présente dans la vie des adolescents.
Répercussions sociales et initiatives
Les préoccupations engendrées par ce déclin d’intérêt pour les relations physiques ne laissent pas les autorités indifférentes. Face à cette situation, les initiatives visant à renforcer et promouvoir les interactions sociales se multiplient. Des campagnes publiques et des efforts éducatifs cherchant à encourager les jeunes à renouer avec les gestes tendres sont mis en place afin de contrecarrer ce phénomène inquiétant.
De plus, certaines entreprises, telle que Tenga, connue pour ses jouets sexuels, s’engagent également dans cette entreprise en lançant des produits qui favorisent le contact physique. L’introduction de la gamme Caressa destinée à faciliter les rapprochements par divers moyens, y compris des compléments alimentaires, illustre ce type d’initiative commerciale.
En conclusion, au Japon, l’évolution des attitudes de la jeunesse envers les pratiques intimes comme le baiser invite à explorer de nombreuses dimensions sociales et culturelles. Ces changements reflètent une société en perpétuelle transformation, où les jeunes cherchent de nouveaux moyens d’exprimer leur individualité tout en affrontant les pressions traditionnelles et modernes. Reste à savoir comment ces tendances se développeront dans les années à venir.