Au Japon, une tendance surprenante se dessine parmi les jeunes : le baiser, cet acte symbolique de tendresse et d’amour, est en voie de disparition. Selon une enquête de l’Association japonaise pour l’éducation sexuelle, seulement un quart des lycéens déclarent avoir déjà échangé un baiser. Ce chiffre met en lumière un changement significatif dans les relations amoureuses des adolescents japonais par rapport à leurs homologues dans d’autres pays.
Un recul du baiser chez les jeunes Japonais
Au fil des années, sociologues et experts constatent une tendance à la baisse dans l’initiation aux gestes affectueux, comme le baiser, chez les jeunes Japonais. Une étude de 2023-2024 a révélé que seuls 22,8% des garçons avaient déjà embrassé quelqu’un, un chiffre qui, bien qu’assez faible, représente le plus bas niveau enregistré depuis le début des enquêtes sur le sujet.
Les facteurs influençant ce phénomène
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. D’une part, la pandémie de Covid-19 a imposé des restrictions drastiques sur les contacts physiques, incitant les jeunes à éviter les interactions directes qui étaient considérées comme potentiellement dangereuses. Les fermetures d’écoles et les règles de distanciation sociale ont limité les occasions de rencontres intimes, créant ainsi un climat peu propice aux échanges affectifs personnels.
Puis, au-delà de la pandémie, une tendance préexistante de désengagement des jeunes Japonais envers la vie sexuelle et amoureuse a joué un rôle. Le terme « herbivore » a été popularisé pour décrire cette génération de jeunes peu intéressés par la sexualité traditionnelle. Cela s’accompagne d’une certaine perception de la sexualité comme une activité « mendokusai », ou ennuyante, ce qui fait que les jeunes cherchent des moyens moins engageants de satisfaire leur curiosité sexuelle, à travers des médias comme les mangas ou les jeux vidéo.
Une perspective globalisée : les jeunes Japonaises
Les jeunes filles semblent moins touchées par cette tendance de recul du premier baiser que les garçons. Près de 27,5% des filles ont déjà embrassé quelqu’un, cependant, ce taux reste largement inférieur aux données mondiales et montre une baisse significative par rapport aux enquêtes précédentes. La pression socioculturelle, les attentes familiales et éducatives jouent également un rôle dans ce phénomène complexe où l’intimité semble être reléguée au second plan.
L’impact de la culture et des médias
La consommation accrue de contenus médiatiques différents comme les mangas et dessins animés représentant des versions idéalisées de relations semble influencer la perception des relations réelles chez les jeunes. Les scénarios romantiques parfois simplistes et distants de ces contenus mènent à des attentes irréalistes et rendent les interactions réelles plus intimidantes et moins désirables.
Une autre influence notoire est celle de l’évolution des rôles de genre et des aspirations personnelles qui conduit de nombreux jeunes à prioriser différemment la carrière et l’éducation par rapport à la vie amoureuse. Les jeunes Japonais sont ainsi encouragés à s’intéresser davantage à leur développement personnel qu’à l’établissement de relations interpersonnelles.
Tentatives de revitalisation des relations physiques
Face à cette réalité, diverses initiatives ont vu le jour pour encourager les jeunes Japonais à revigorer leur intérêt pour les interactions physiques. Des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs mettent de l’avant l’importance des relations affectives et physiques saines. De plus, l’industrie des jouets sexuels tente de s’adapter et de promouvoir des produits visant à encourager ces gestes d’affection tant délaissés.
Un exemple notable vient de la firme Tenga, qui élargit sa gamme pour inclure des produits facilitateurs de contact comme les compléments alimentaires destinés à réduire les odeurs corporelles, rendant ainsi le contact physique plus agréable.
L’avenir des relations amoureuses au Japon
Alors que les taux de pratique de la masturbation augmentent, signalant une exploration des désirs sexuels solitaires, les spécialistes estiment que la tendance pourra potentiellement s’inverser sous l’influence de facteurs sociaux et économiques. Une plus grande ouverture à la sexualité pourrait émerger avec une perception renouvelée de la gestion de l’intimité et une meilleure éducation sexuelle axée sur le consentement et la communication.
En conclusion, bien que le baiser chez les jeunes Japonais soit en voie de disparition, cela ne signifie pas la fin des relations amoureuses traditionnellement intimes. Au contraire, des initiatives ciblées et une conscientisation accrue pourraient revitaliser la manière dont la jeunesse nippone navigue dans ses relations personnelles à l’avenir.