Scatophilie : Comprendre l’attirance pour l’inattendu

La scatophilie, un terme souvent sujet à controverse en raison de son association avec les excréments, est en réalité une paraphilie complexe qui suscite autant d’intérêt que de débats. Cette attractivité pour ce qui est traditionnellement considéré comme répugnant soulève de nombreuses questions sur la nature de la sexualité humaine et sur ce qui peut conduire un individu à développer de tels intérêts atypiques.

Définir la scatophilie et le terme scatophile

Issu des mots grecs « skatos » signifiant « excréments » et « philia » désignant l’amour ou l’affection, la scatophilie traduit littéralement l’attirance pour les excréments. C’est un concept qui englobe diverses pratiques, allant de la simple fascination verbale (scatologie) à des activités plus engageantes, comme le jeu ou même l’ingestion (coprophagie). Selon Alain Héril, sexothérapeute et psychanalyste, « la scatophilie n’implique pas nécessairement des rapports sexuels ; elle peut simplement résider dans l’excitation liée à en discuter ou à interagir avec ».

La scatophilie est-elle pathologique ?

La question de savoir si la scatophilie constitue une déviance sexuelle demeure un sujet de discussion. Historiquement classée sous la bannière des « perversions sexuelles », le terme a évolué pour adopter celui de « paraphilie », une désignation moins stigmatisante qui pointe davantage vers une variante dans l’expression de la sexualité plutôt que vers une pathologie en soi. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR), la paraphilie désigne des intérêts sexuels atypiques qui, tant qu’ils restent à l’état de pratiques parmi d’autres, ne posent pas de problème majeur. « La scatophilie ne devient un problème que si elle devient une obsession ou prend le pas sur toute autre forme de sexualité », souligne Héril.

Quand la scatophilie devient-elle problématique alors ? Elle est considérée pathologique lorsqu’elle domine toutes les dimensions de la vie sexuelle de quelqu’un à tel point qu’elle remplace toutes autres formes d’épanouissement ou de relations intimes saines. Dans ces cas, il est courant de l’associer à une faible estime de soi ou à d’autres troubles émotionnels comme la dépression.

Origines et explications psychologiques

Les raisons pour lesquelles certaines personnes développent un intérêt pour la scatophilie sont multiples et souvent complexes. Certaines théories avancent que ces paraphilies peuvent trouver leurs racines dans des expériences vécues durant l’enfance ou l’adolescence, notamment quand il y a eu des abus ou des événements traumatisants. « En essayant de comprendre et de trouver du plaisir dans ce qui leur est arrivée, certaines personnes cherchent à donner un sens à des expériences qu’elles ont vécues comme insensées », explique Alain Héril.

Cette tentative de reconquête d’un traumatisme vécu, cherchant à y trouver du sens ou du plaisir, peut parfois mener à la formation de paraphilies. Le cheminement semble inclure une certaine répétition compulsive de scénarios passés dans un cadre contrôlé qui, bien que potentiellement néfaste, est interprété comme une tentative de réconciliation avec son propre passé.

Distinction entre scatophilie et coprophilie

La scatophilie et la coprophilie sont souvent utilisées de manière interchangeable, mais il y a des nuances. Le terme « coprophilie », plus rigide dans son utilisation, peut également s’appliquer en dehors du contexte humain, par exemple dans la biologie pour décrire des organismes se développant sur les excréments. Quelques distinctions étymologiques font que le mot « scatophile » est parfois préféré quand il s’agit de discussion purement humaine et centrée sur l’attirance personnelle plutôt que biologique.

Risques associés à la scatophilie

Les pratiques scatophiles, bien qu’elles puissent être une source de fascination pour certains, comportent des risques importants, principalement d’ordre sanitaire. Les excréments sont porteurs de bactéries, de virus et de parasites qui peuvent entraîner des maladies sévères. Les infections gastro-intestinales, les troubles digestifs et d’autres intoxications ne sont que quelques exemples des conséquences possibles découlant de ces pratiques.

En outre, le risque de transmission d’infections sexuellement transmissibles, comme l’hépatite A ou même le VIH, n’est pas négligeable si les pratiques impliquent un échange de fluides corporels ou des lésions des muqueuses. Par conséquent, il est crucial d’aborder ces pratiques avec précaution et de privilégier la sécurité et le consentement éclairé dans toutes ses dimensions.

Comprendre la scatophilie, c’est non seulement explorer les divers chemins psychologiques et émotionnels qui mènent à ces préférences, mais aussi aborder le sujet avec une volonté de démystification, permettant ainsi une discussion ouverte et moins stigmatisante autour de ces expressions atypiques de la sexualité humaine.

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