Combat des mères face au syndrome d’aliénation parentale – Un mythe démystifié

Lorsqu’une accusation de violence sexuelle surgit au sein d’une famille, la vérité peut être obscurcie par le recours à des concepts contestés, comme le syndrome d’aliénation parentale (SAP). Ce terme fut introduit dans les années 1980 par le psychiatre américain Richard Gardner, alléguant qu’un enfant pouvait être manipulé pour rejeter un parent. Cependant, ce concept a depuis été rejeté par la communauté scientifique pour son manque de fondement.

Le récit de Sandra : un cas emblématique

Le parcours de Sandra, nom fictif pour protéger son identité, est révélateur des luttes souvent invisibles auxquelles font face de nombreuses mères. Après avoir accusé le père de son enfant d’abus sexuels, plutôt que de recevoir soutien et protection, elle s’est vue stigmatisée et accusée de manipulation visant à nuire à son ex-partenaire. Cette situation troublante, loin d’être isolée, reflète un schéma systémique où les voix des femmes et des enfants risquent d’être étouffées.

Un concept en question

Le SAP est considéré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Association américaine de psychologie comme un pseudo-syndrome, refusé de toute inclusion dans les manuels cliniques officiels. Néanmoins, dans de nombreux contentieux familiaux autour du monde, il est utilisé comme un outil pour contrer les allégations de violence, particulièrement dans les affaires de garde d’enfants. Des organismes internationaux, tels que l’ONU et divers groupes de défense des droits de l’homme, ont fermement condamné son application, la qualifiant de forme de violence institutionnelle.

Les ramifications légales et sociales

Bien que le SAP ait été fortement critiqué, certains tribunaux et avocats continuent de s’y référer. En France, en Espagne, et dans plusieurs pays d’Amérique latine, des cas nous montrent que des mères continue d’être injustement privées de la garde de leurs enfants, sur la base de ce syndrome désavoué. Cela révèle non seulement un besoin urgent de réexaminer les protocoles judiciaires liés aux violences familiales, mais aussi de reconnaître les biais culturels et institutionnels qui inhibent une vraie justice pour les victimes.

« Faire taire l’enfant » : une stratégie utilisée

Pour de nombreuses mères, comme Sandra, le sentiment de solitude et de désespoir est amplifié lorsqu’elles sont directement ou indirectement accusées de SAP. « Au début, je me demandais si j’étais vraiment folle« , relate-t-elle, une phrase qui résonne chez d’autres femmes dans des situations similaires. Les experts soulignent qu’accuser une personne de SAP détourne l’attention des problématiques réelles, transformant une allégation de violence en un prétendu conflit parental.

Décision historique en Colombie

En Colombie, une avancée notable est survenue en novembre 2023, lorsque la Cour constitutionnelle a banni l’utilisation du SAP comme argument juridique, soutenant l’absence de justification scientifique. Ce verdict, salué par les défenseurs des droits humains, reconnaît que le SAP peut masquer et même aggraver des situations de violence familiale avérée. Pour des femmes comme Sandra, ce fut une victoire cruciale, lui permettant de retrouver la garde de son fils.

Vers une reconnaissance et une justice accrues

L’impact de cette décision n’est pas limité à la Colombie. Elle incite d’autres pays à réévaluer les bases juridiques sur lesquelles reposent souvent des décisions de garde d’enfants. Pour les militantes, cet événement souligne l’importance de combattre les pseudo-sciences dans les tribunaux, assurant que les allégations d’abus soient prises au sérieux, scrutées avec diligence et traitées avec la gravité qu’elles méritent.

Ce qu’il reste à faire

Bien que des progrès aient été réalisés, beaucoup reste à accomplir pour abolir définitivement l’utilisation du SAP et d’autres arguments équivalents dans les affaires de justice familiale. Encourager les changements législatifs nécessaires, sensibiliser le public et former les professionnels de la justice et de la santé mentale restent des étapes essentielles à franchir pour garantir que la voix des victimes soit entendue et respectée.

Cet article illustre un défi persistant au croisement de la justice sociale, de l’égalité des sexes et de la reconnaissance des violences intra-familiales. Le changement commence par l’éducation, la sensibilisation et la détermination inébranlable des personnes affectées d’exiger la justice qu’elles méritent. En ces temps de débat et de transformation, nous devons continuer à apprendre, à écouter et à agir en faveur des plus vulnérables.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *