Les comportements amoureux et sexuels des jeunes Japonais sont en pleine mutation. Longtemps perçu comme un geste intime incontournable, le baiser semble aujourd’hui se raréfier parmi cette jeunesse. Une étude récente de l’Association japonaise pour l’éducation sexuelle révèle que de moins en moins de lycéens japonais s’engagent dans ce geste symbolique.
Un recul notable des premiers baisers
Selon cette étude, seulement un quart des lycéens japonais déclarent avoir déjà échangé un baiser. Ce chiffre témoigne d’une baisse significative par rapport aux années précédentes. En analyse de ces chiffres, il apparaît que, depuis 2005, le nombre de jeunes ayant franchi ce pas est en diminution constante. Les garçons, en particulier, montrent une réticence accrue, avec seulement 22,8 % rapportant avoir embrassé quelqu’un, chiffre record le plus bas depuis des décennies.
Différences entre garçons et filles
Les filles semblent légèrement plus enclines que les garçons à embrasser, avec 27,5 % d’entre elles ayant eu cette expérience. Toutefois, cela reste un recul significatif par rapport aux années précédentes, avec une chute de 13,5 points depuis 2017. Ces chiffres laissent entrevoir des tendances différentes dans la manière dont chaque genre perçoit et engage des relations intimes au Japon.
Influence de la pandémie sur les relations sociales
Parmi les raisons invoquées pour expliquer ce phénomène, la pandémie de Covid-19 semble jouer un rôle majeur. Les fermetures d’écoles et les restrictions sanitaires mises en place pour contenir le virus ont limité les interactions sociales des jeunes. Selon le sociologue Yusuke Hayashi, ces restrictions ont accentué une tendance déjà présente avant la pandémie, où les jeunes semblaient de plus en plus déconnectés des contacts physiques traditionnels.
Une jeunesse qui redéfinit ses relations
Bien que la pandémie ait eu un impact indéniable, elle n’explique pas à elle seule ce changement de comportement. La société japonaise connaît depuis plusieurs années un phénomène où de nombreux jeunes se désintéressent des relations amoureuses classiques. Le terme « herbivore », inventé par la chroniqueuse Maki Fukasawa, décrit ces jeunes Japonais qui ne ressentent pas l’envie de se lancer dans des relations sexuelles ou amoureuses. Pour beaucoup, ces interactions sont perçues comme « mendokusai », c’est-à-dire « trop de tracas » ou « ennuyeuses ».
Remise en question des normes sociales traditionnelles
Ce désintérêt pour les relations physiques ne signifie pas pour autant que les jeunes Japonais renoncent à toute forme de sexualité. Une autre facette de cette transformation réside dans la popularité croissante de la masturbation parmi les jeunes. Cette pratique voit une hausse notable et semble s’imposer comme une alternative à l’interaction physique, plus liée à l’intime et moins contraignante.
L’accès facile à des contenus liés à la sexualité, comme les mangas et autres médias, serait l’un des facteurs expliquant ce phénomène selon Yusuke Hayashi. Cette exposition pourrait influencer les choix des jeunes et leur perception de la sexualité, rendant la masturbation plus acceptable et répandue.
Les défis pour les autorités et l’éducation
L’évolution des comportements relate une pression croissante sur les institutions et autorités japonaises pour comprendre et adresser ces changements sociétaux. Des initiatives sont mises en place pour réengager les jeunes dans des relations intimes et physiques plus traditionnelles. Parmi ces efforts, la firme Tenga a développé des produits destinés à encourager le contact physique, dans le but de redonner goût aux jeunes Japonais pour les interactions directes et personnelles.
Cet exemple illustre l’engagement de certaines entreprises à promouvoir une réévaluation des relations physiques dans une population qui semble de plus en plus distanciée de ces concepts.
En conclusion
La jeunesse japonaise traverse une période de réévaluation de ce que signifie être en relation. Les pressions économiques, les évolutions technologiques et la pandémie sont autant de facteurs qui contribuent à une redéfinition des normes sociales. Grâce à une compréhension approfondie de ces dynamiques, les éducateurs, sociologues et responsables politiques peuvent mieux soutenir les jeunes dans cette transition, en adaptant les enseignements et les ressources disponibles pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de relations et de sexualité.