A dramatic courtroom scene with a distressed mother holding her child's hand, facing judges and a skeptical opposing party. The atmosphere is tense, illustrating the theme of a legal battle over child custody.

Le Faux Syndrome: Combat des Mères Accusées à Tort

Un Pseudo-Syndrome Instrumentalisé

Les mères divorcées livrent une bataille acharnée contre l’instrumentalisation du « syndrome d’aliénation parentale » (SAP), un concept largement discrédité mais toujours utilisé dans divers systèmes judiciaires pour soutenir les intérêts des pères dans des affaires de garde d’enfants. Nombre de mères, à l’image de Sandra, se sont retrouvées face à une justice qui les accuse de manipulations psychologiques à l’encontre de leurs enfants pour nuire à leur ex-conjoint.

Sandra, dont le nom a été modifié pour préserver son anonymat, a été confrontée à cette stigmatisation après avoir signalé des abus commis par le père de son enfant. Au lieu de soutien, elle s’est heurtée à des accusations : les souvenirs de son enfant auraient été, selon la justice, imposés par ses soins, sous la prétendue influence du SAP. Ce syndrome, créé dans les années 1980 par un psychiatre américain, Richard Gardner, est aujourd’hui largement critiqué par la communauté scientifique.

Le Combat Juridique

La décision de la Cour constitutionnelle colombienne en novembre 2023 d’interdire le SAP comme argument juridique, faute de fondement scientifique, constitue un précédent. Cependant, les manipulations au sein des couples, bien que ne relevant pas de ce pseudo-syndrome, peuvent toujours être examinées, soulignant un besoin complexe de protection des enfants sans tomber dans le piège d’accusations infondées.

Sisma Mujer, un groupe féministe, a saisi la Commission interaméricaine des droits de l’Homme pour obtenir réparation des préjudices subis dans cinq affaires liées au SAP. Cette approche marque une nouvelle étape dans la lutte pour les droits des femmes et la reconnaissance des violences basées sur le genre, occultées par une utilisation abusive de ce terme.

De Victime à Accusatrice

Outre les implications juridiques, l’impact émotionnel sur les mères est profond. « Je me suis demandé si j’étais vraiment folle », confie Sandra, soulignant à quel point les accusations portées à son encontre l’ont affectée psychologiquement. Elle n’est pas la seule dans ce cas, car le SAP est souvent invoqué pour discréditer des plaintes de violences sexuelles, servant ainsi d’outil de riposte au détriment des femmes et des enfants.

En outre, de nombreux pays, dont la France, l’Espagne et plusieurs nations d’Amérique latine, continuent de voir cet argument utilisé, malgré la désapprobation d’organismes tels que l’ONU et l’Organisation des États américains. Le consensus des experts, comme Maria Paula Chicurel, psychologue légiste, confirme que ce syndrome ne saurait être validé sur le plan scientifique, le classant comme une forme de violence contre les femmes.

Un Système Judiciaire Remis en Question

Les révélations en Colombie sur des biais potentiels en faveur des pères puissants économiquement posent la question de l’impartialité du système judiciaire en matière de garde d’enfants. Des cas accusant certains experts de psychanalyse de complicité avec les pères ressurgissent, exaspérant les observateurs et les associations de défense des droits des femmes.

L’analyse des jugements rendus souligne un pattern troublant : des décisions favorisant de manière disproportionnée les pères dans des contextes où le SAP est évoqué. Cette tendance a incité les militants à demander des réformes plus approfondies et l’élimination des faux-syndromes dans les débats légaux.

Le Courage de Rompre le Silence

Les voix de Sandra et de Camila, une autre mère ayant subi des menaces sur la garde de ses enfants, résonnent comme des appels urgents à la justice. Leur expérience démontre que l’intimidation et la stigmatisation silencieuses sont encore monnaie courante dans les affaires familiales sensibles.

Les récents progrès légaux en Colombie donnent espoir que d’autres pays suivront cet exemple, mettant fin à ces pratiques nuisibles. Cependant, la défiance vis-à-vis d’un système longtemps empreint de patriarcat continue de peser sur beaucoup de mères, les contraignant à une vigilance constante pour protéger leurs enfants de décisions partiales dictées par des intérêts dépassés.

En conclusion, la lutte et la résistance croissantes contre le SAP, malgré l’ombre de l’injustice, rappellent la nécessité d’une vigilance accrue, tant au niveau légal qu’émotionnel, pour garantir un avenir plus équitable et sécuritaire pour toutes les familles.

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