En Corée du Sud, la montée de contenus pornographiques générés par intelligence artificielle, communément appelés « deepfakes », plonge de nombreuses victimes dans un profond désarroi. Malgré l’ouverture d’enquêtes par la police, beaucoup restent sceptiques quant à l’efficacité des actions menées pour protéger les victimes et appréhender les responsables.
Un problème en plein essor
Avec l’essor de la technologie, il devient de plus en plus facile d’utiliser des logiciels pour créer des vidéos truquées réalistes, incorporant des visages de personnes réelles dans des scénarios pornographiques. La plupart de ces contenus sont partagés sur des plateformes telles que Telegram, ce qui pose de sérieux défis au respect de la vie privée et à la dignité des individus concernés.
La réponse insuffisante des autorités
Malgré la hausse exponentielle de ces contenus nuisibles — une augmentation de 500 % en 2023 selon la start-up Security Hero — les réponses judiciaires et policières semblent limitées et souvent inefficaces. De nombreuses victimes ressentent un profond sentiment d’abandon avec peu de recours à la justice. Entre 2021 et 2024, sur près de 800 cas signalés, seules 16 arrestations ont été effectuées.
Les jeunes particulièrement vulnérables
Les jeunes, notamment les lycéens et les collégiens, utilisent souvent des photos trouvées sur les réseaux sociaux pour créer ces deepfakes et les partager, ciblant souvent leurs camarades ou enseignants dans le but de les embarrasser. Cette tendance montre un besoin urgent de sensibilisation et d’éducation en matière de respect et de droits numériques.
Kang Myeong-suk, responsable à l’Institut des droits humains de la Femme de Corée, explique que les victimes, souvent jeunes, doivent vivre avec la peur constante de voir leurs images manipulées se propager davantage, tout en étant moquées par leur entourage.
Les défis juridiques
La complexité des poursuites judiciaires en matière de deepfakes en Corée du Sud réside principalement dans le cadre légal actuel, considéré comme inadéquat pour traiter ces nouvelles formes de délits numériques. Alors que les tribunaux hésitent à sanctionner lourdement les mineurs impliqués dans ces actes, les victimes sont laissées avec peu d’options pour obtenir réparation ou justice.
Pression sur le gouvernement et les entreprises
Face à l’inefficacité des mesures judiciaires, une pression croissante s’exerce sur le gouvernement sud-coréen pour qu’il renforce la législation et sur les plateformes numériques pour qu’elles coopèrent plus activement avec les autorités. Certaines grandes entreprises de divertissement, telles que les labels de K-pop, ont annoncé vouloir prendre des mesures légales pour protéger leurs artistes contre ces pratiques préjudiciables.
Un appel à l’action collective
La nécessité d’un effort collectif pour combattre ce phénomène est désormais évidente. Les militants, les éducateurs et les décideurs doivent collaborer pour développer des stratégies efficaces de prévention, d’éducation et de réglementations plus strictes afin de protéger les individus contre les dangers des deepfakes pornographiques.
Éducation et sensibilisation : des clés essentielles
L’éducation reste l’un des outils les plus puissants dans cette lutte. Les jeunes doivent être informés des dangers et des conséquences de l’utilisation abusive des technologies numériques. Parallèlement, une meilleure sensibilisation du grand public peut contribuer à la dissuasion et à la réduction de la stigmatisation que subissent les victimes.
En conclusion, bien que les outils numériques ouvrent des possibilités illimitées, ils nécessitent une gestion responsable et une réglementation adéquate pour prévenir les abus, protéger les droits humains fondamentaux et garantir la dignité des personnes dans le monde virtuel comme dans la réalité.