Lorsque Sandra a accusé le père de son enfant d’abus sexuels, elle ne s’attendait pas à se retrouver elle-même sur le banc des accusés. Accusée de manipuler son fils, Sandra a vécu une expérience traumatisante où elle a été traitée de folle et de malveillante. Cette situation kafkaïenne découle de l’application d’un concept controversé, le syndrome d’aliénation parentale, qui, malgré son absence de fondement scientifique, continue d’être utilisé dans des affaires judiciaires à travers le monde.
Un Syndrome sans Fondement Reconnu
Originaire des années 1980, le syndrome d’aliénation parentale (SAP) a été proposé par le psychiatre Richard Gardner. Théorisée comme un processus par lequel un parent influencerait son enfant pour rejeter l’autre parent, cette notion a rapidement été scrutée par les spécialistes. Les principales organisations mondiales de santé et de psychologie, y compris l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Association américaine de psychologie, ont rejeté le SAP comme pseudo-scientifique, soulignant son absence de critères diagnostiques valides.
En dépit de cela, le SAP a continué à trouver sa place dans les salles d’audience, souvent utilisé pour discréditer des mères lors de litiges de garde d’enfants. Cette stratégie fait courir le risque de détourner l’attention des véritables allégations de violence familiale, masquant entretenue sous l’ombre d’un prétendu conflit parental manipulatoire.
Implications Judiciaires et Manipulations
“Je me suis demandé si j’étais vraiment folle”, se souvient Sandra, s’exprimant sous couvert d’anonymat. Sa remise en cause personnelle est le reflet d’une technique utilisée pour faire taire des accusations dérangeantes. Elle, comme beaucoup d’autres, a vu ses dénonciations légitimées être balayées au profit d’un argument juridique sans support scientifique.
Des affaires similaires se multiplient, où les accusations de SAP viennent se glisser en réponse aux plaintes de violences sexuelles. Ceci est d’autant plus inquiétant que l’usage du SAP est spécialement prévalent dans des cas impliquant des hommes accusés par des femmes de comportement inapproprié.
Critique Internationale et Décisions Historiques
Des organisations telles que l’ONU et la Commission interaméricaine des droits de l’Homme ont publiquement condamné l’utilisation du SAP, le décrivant comme une forme de violence institutionnelle contre les femmes. Une décision historique en Colombie en novembre 2023 a marqué un tournant, avec la Cour constitutionnelle interdisant l’usage du SAP comme argument pour manque de justification scientifique.
Cette décision, bien que saluée, ne dissipe pas entièrement les inquiétudes des victimes, qui craignent encore la perte injustifiée de leurs enfants par de telles méthodes. Selon Lilia Zabala, professeure de droit, la décision de la Cour clarifie que le SAP ne peut justifier l’inaction face à des preuves de violences intrafamiliales, sous peine de les invisibiliser.
Le Chemin vers la Reconnaissance et la Justice
Face à ces abus, des groupes féministes et des avocats ont pris des mesures pour faire avancer la cause des victimes, déposant des plaintes et cherchant à rétablir les droits parentaux injustement révoqués. Bien que la lutte soit loin d’être terminée, le cas de Sandra, qui a pu récupérer légalement la garde de son enfant, illustre un pas vers la justice et la reconnaissance des abus institutionnalisés.
Cependant, de nombreuses femmes indiquent que la menace du SAP plane toujours. Camila, une autre victime, raconte comment elle continue de vivre dans la peur de se voir retirer ses filles à cause de cette utilisation injuste du SAP.
“Il y a une mafia”, déclare Sandra, soulignant un réseau parfois invisible mais opérant, où experts imposés et analphabétisme des juges quant aux réalités des violences familiales mènent à des jugements biaisés. La lutte pour la justice et la vérité reste cruciale, afin que des pratiquants du droit puissent véritablement protéger les droits des enfants et des mères face à des accusations infondées.
Cette affaire met en lumière la nécessité pour les systèmes judiciaires mondiaux de reconnaître et d’éradiquer l’utilisation d’arguments discrédités, priorisant l’intérêt de la sécurité et du bien-être des enfants et des victimes de violences.